Thomas Mathieu : «je suis quelqu'un de soft»
Des planches extraites de la bande dessinée «Crocodiles» de Thomas Mathieu devaient être exposées mardi à Toulouse dans le cadre de la journée internationale des violences faites aux femmes. Ce projet a été abandonné. Le jeune dessinateur belge réagit.
La bande dessinée de Thomas Mathieu, «Crocodiles», sortie le 31 octobre, n'est pas une BD comme les autres. S'appuyant sur des témoignages réels, elle met en scène sans filtres et de façon parfois très crue des situations de la vie quotidienne où des femmes sont harcelées par des hommes. Mais cette BD a aussi une dimension pédagogique. Ainsi parmi les extraits de «Crocodiles» qui devaient être exposées mardi dans un stand square De-Gaulle pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes, certaines planches donnent des conseils pratiques pour se tirer d'affaire ou aider quelqu'un en situation de harcèlement. Les Toulousains ne verront pas ces dessins mardi, car des mots comme «bite» et une scène de viol conjugal ont choqué certains membres de la commission cohésion sociale de Toulouse Métropole chargée de piloter la journée du 25. Une élue UMP, Laurence Katzenmayer, a souligné «l'aspect immoral» et la «vulgarité» de certains de ces dessins. «Ces arguments sont infondés et ne peuvent justifier ce qui s'apparente à de la censure» ont réagi les élus socialistes Claude Raynal et Lysiane Maurel, présidente de la commission, dans une lettre à Jean-Luc Moudenc après l'abandon de ce projet. L'auteur de «Crocodiles», qui vit à Bruxelles, s'explique.
Visiblement, votre bande dessinée a choqué certains élus toulousains.
Je suis d'accord, ce ne sont pas des histoires tout public et il faut voir dans quel cadre elles sont présentées. Mais je dois préciser que les scènes que je raconte dans ma bande dessinée ne sortent pas de mon imagination. Quand j'ai décidé de faire cet album, parce que j'entendais parler de plus en plus souvent de harcèlement physique ou moral, j'ai reçu près de 1 500 témoignages d'agressions sur mon blog et ma page facebook. Alors effectivement certains propos peuvent heurter mais ils reflètent une réalité subie par les femmes. Faut-il pour autant se détourner et ignorer la réalité ?
Comment étiez-vous entré en contact avec Toulouse ?
Ce n'est pas moi qui ai sollicité la ville de Toulouse. Quelqu'un de la mairie m'a appelé en septembre pour me demander s'il était possible d'utiliser quelques pages de ma BD dans le cadre de la journée du 25 novembre. J'étais d'accord et j'ai envoyé une quinzaine de planches à reproduire. Depuis je n'ai pas eu de retour. J'ai appris que mon projet était abandonné par le courrier des socialistes à M.Moudenc.
Une élue parle d'«immoralité» et de «vulgarité», qu'en pensez-vous ?
La vulgarité de certains propos ou situations réellement subies par des femmes est réelle, mais je ne vois aucun aspect immoral dans mon projet. Je suis quelqu'un de très raisonnable et même soft. Je suis vraiment très loin d'être extrémiste.
«Difficile à exposer»
«Ce projet faisait partie de plusieurs projets que nous avons examinés en commission pour la journée du 25 novembre», explique Julie Escudier, conseillère municipale en charge de l'égalité femmes hommes, présidente de la commission «cohésion sociale» de Toulouse Métropole. «On a estimé qu'il était difficile d'exposer au moins deux de ces bandes dessinées sur l'espace public. Nous considérons qu'il n'est pas nécessaire de heurter pour faire campagne contre les violences faites aux femmes. C'est dommage que l'affaire prenne une tournure politique».
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