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Les artistes belges à l'assaut de Paris

La reine Mathilde de Belgique devant Décalcomanie, de Magritte, en octobre 2016, lors de sa visite au Centre Pompidou (IVe). Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

Magritte à Beaubourg, Hergé au Grand Palais, Geluck au Musée en herbe… Mais encore Jan Fabre, Ivo van Hove ou Alex Vizorek: les Belges sont vraiment partout cet automne à Paris. Revue de détail. Nous dirons même plus : revue de détail !

Magritte, roi de Paris

Magritte est la star inattendue des expositions à Paris, cet automne. Cela fait d'ailleurs quelques jaloux à l'heure des bilans de fréquentation 2016 qui s'annoncent en peau de chagrin! Le peintre bruxellois né en 1898 dans le Hainaut et mort à l'été 1967 ceint des lauriers de la gloire n'est pourtant pas en manque d'exposition! Le mérite en revient à son talent foncièrement original qui résiste à toutes les (re)lectures et interprétations trop rapides. Le mérite en revient aussi à l'œil de lynx de son commissaire, Didier Ottinger, directeur adjoint du MNAM (Musée national d'art moderne), qui offre ici une dissertation claire, savante, bluffante, édifiante.«Je pense, donc je peins», telle est la devise de son Magritte tout à La Trahison des images. Il a puisé dans ses lectures et correspondances philosophiques matière à ses célèbres symboles visuels (chapeau melon, pomme, rideaux, corps morcelés, visages emmaillotés). Le public ne s'y trompe pas qui se passionne pour ce Magritte penseur, caché derrière sa légende surréaliste. Le Centre Pompidou a enregistré plus de 6 000 visiteurs par jour en moyenne, avec un pic spectaculaire à 7 600 visiteurs en un seul lundi pendant le pont du 1er novembre. Beaubourg a de ce fait rajouté une nocturne spéciale Magritte le lundi soir (23 h) en plus de celle, classique, du jeudi soir et créé un calendrier sur le site pour vous éviter les bouchons mortels. C'est un morceau royal. La reine Mathilde, épouse du roi des Belges, Philippe, est venue la voir en micro-comité le mercredi 5 octobre au matin. Nous y étions, au garde-à-vous derrière les barrières de sécurité!

«René Magritte, la trahison des images» au Centre Pompidou (IVe). Jusqu'au 23 janv. 2017.

Hergé et Tintin, superstars du Grand Palais

Dupont et Dupond à la tour Eiffel (extrait de l'album Le Temple du Soleil), en seconds rôles de l'exposition «Hergé», au Grand Palais (VIIIe). FRANCOIS BOUCHON

Depuis la fin septembre, la rétrospective consacrée à Hergé au Grand Palais bat son plein. Dix ans après celle de Beaubourg, l'œuvre de l'un des plus grands représentants de la Belgique reste toujours aussi populaire. La preuve, la fréquentation du public voisine avec les 130.000 visiteurs. Ce qui équivaut à une moyenne de 3500 personnes par jour. Au Grand Palais, on commente la nouvelle avec un grand sourire: «Nous sommes au-delà des prévisions. Disons que pour une exposition du Grand Palais, nous sommes dans une fourchette haute.» La magie Tintin n'a donc pas cessé de fonctionner. Quant à l'exposition en elle-même, orchestrée par le commissaire d'exposition Jérôme Neutres (et qui dure jusqu'au mois de janvier 2017), elle permet de découvrir ou redécouvrir les mille et un aspects du créateur du célèbre reporter à la houppette. Le grand point fort de cette rétrospective est d'avoir réussi à exposer une demi-douzaine de toiles abstraites réalisées par Hergé dans les années 1960. Étonnantes, dérangeantes, belles, totalement abstraites et pourtant fourmillantes de mille et un détails, elles évoquent à la fois Miro et Matisse. Sinon, cette expo antéchronologique offre également un parcours familial qui rallie le grand public, de 7 à 77 ans. Avec force maquettes et mises en situation, elle propose de mettre d'accord parents et enfants. Jusqu'à la pièce finale, qu'on pourrait baptiser «salle à selfie», qui amusera petits et grands fans de Tintin et Milou…

«Hergé» au Grand Palais (VIIIe). Jusqu'au 17 janv. 2017.

QUIZ - Connaissez-vous Tintin sur le bout de la houppette?

«L'Art et Le Chat» entre au musée

Philippe Geluck prend la pose devant le Faune dansant, d'Eugène-Louis Lequesne, dans le Jardin du Luxembourg (VIe). Sébastien SORIANO/Le Figaro

Grâce à son légendaire personnage Le Chat, Philippe Geluck rend l'art accessible à tous. «Les enfants sont très ouverts, même à l'art abstrait et conceptuel, ça leur parle directement. Peut-être parce que les artistes sont des enfants dans leur tête? Moi, je suis juste là pour les présenter l'un à l'autre…», explique le dessinateur. Léonard de Vinci, Magritte, Picasso, Giacometti, Vincent Van Gogh, Dubuffet, Lichtenstein, Warhol, Ben… à partir d'une sélection d'œuvres de grands artistes, il a revisité de célèbres tableaux sous l'œil drôle, décalé et insolent du Chat, créant aussi une confrontation physique entre les œuvres (originales et reproductions prêtées par des musées et galeries) et ses dessins. C'est ainsi que, quand l'exposition présente l'illustre bleu d'Yves Klein, à côté, Le Chat semble savoir le reproduire à son tour… tout simplement en écrasant une multitude de Schtroumpfs. L'artiste belge s'est aussi essayé à la sculpture, en détournant par exemple la célèbre Vénus de Milo (devenant ainsi La Vénus de Mulot, La Gazette de Milo ou encore La Vénus de Milo de Pise…). Résultat, cette exposition permet aussi bien de se cultiver que de rire en famille. Ne pas oublier de faire un tour aux toilettes à la fin, une drôle de surprise attend les visiteurs…

«L'Art et le Chat» au Musée en herbe (Ier). Jusqu'au 2 janv. 2017.

À noter: d'ici la fin 2019, le célèbre matou de Philippe Geluck aura son propre musée à Bruxelles, en Belgique. Le lieu sera divisé en trois parties : une rétrospective sur Le Chat depuis sa création il y a plus de trente ans, une exposition temporaire sur de grands dessinateurs, et enfin, c'est le chat, (mais cette fois-ci l'animal à proprement parler) qui sera à l'honneur à travers l'histoire de sa représentation dans l'art depuis l'Égypte ancienne.

MON QUARTIER - Philippe Geluck: ses adresses à Paris VIe

Quand François Schuiten imagine le futur de Paris

Les Naufrageurs, affiche de François Schuiten pour le festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo (2005). © Schuiten/Casterman

Le Belge François Schuiten et son comparse français Benoît Peeters sont les commissaires de l'exposition «Machines à dessiner», actuellement au Musée des arts et métiers. Un concept qui permet d'explorer à la fois les outils de création et les appareils que l'on peut illustrer. Découvrir les mécanismes et les rouages d'engins par l'approche du dessin d'observation et à travers le regard passionné des deux artistes donne une vision nouvelle et subjective d'objets que l'on trouvait simplement techniques. Moyens de transport, instruments astronomiques sont présentés ou illustrés afin de rendre compte de leur facture.

En entrant dans l'atelier du dessinateur de la saga Les Cités obscures, le visiteur peut observer la vitre italienne conçue par Léonard de Vinci, la table à dessin de Schuiten, mais aussi les planches de la bande dessinée créée avec Benoît Peeters Revoir Paris, où les univers rétrofuturistes de la capitale se font écho. Ainsi, machines infernales ou surprenantes se côtoient au fil des vitrines. Les lavis et aquarelles qui dépeignent très précisément les appareils et leur technique complètent de façon historique le parcours. On peut ainsi voir la pompe à incendie de 1789 créée par Joseph Bramah et la comparer avec les dessins très précis de l'époque. Ces illustrations pouvaient d'ailleurs servir de mode d'emploi pour les personnes qui ne savaient pas lire au XVIIIe siècle.

Cette splendide exposition a aussi pour objectif de donner envie au visiteur de passer à l'acte. Lors des visites guidées, la dernière salle présente un casque de réalité virtuelle permettant au public de libérer son imaginaire afin de créer de nouvelles passerelles entre art et technologie. Avec deux manettes, l'une servant de palette, l'autre de crayon ou de pinceau, on peut produire des illustrations en 3D. Une manière de s'initier à ce que pourrait être le Paris du futur… et le dessin de demain.

«Machines à dessiner» au Musée des arts et métiers (IIIe). Jusqu'au 26 fév. 2017.

VIDÉO - À quoi ressemblera Paris en 2156?

Art: la scène contemporaine belge détonne

Johan Creten, Odore di Femmina La Malcontenta (2015). Courtesy Johan Creten & Galerie Perrotin/ Gerrit Schreurs.

Johan Creten est le sculpteur flamand, né à Saint-Trond en 1963, qui a remis la céramique au goût du jour. Formé à la peinture, il s'est très vite tourné vers la terre et le bronze monumental. Creten occupe une place majeure sur la scène contemporaine actuelle, de la Galerie Perrotin à la Maison rouge, où il a fait sensation lors de l'exposition «Ceramix» au printemps dernier avec une série de têtes émaciées. Il possède aujourd'hui un atelier dans le XIXe à Paris, où il réalise des maquettes et travaux préparatoires, tandis que les pièces importantes sont produites dans des hangars en province, en Belgique ou aux Pays-Bas. L'artiste voyageur est l'invité du Centre régional d'art contemporain de Sète (jusqu'au 15 janvier) qui lui consacre une belle rétrospective.

Jan Fabre. S'il vit et travaille à Anvers, sa ville natale, le trublion belge qui enflamme autant les scènes de théâtre que les galeries d'art parisiennes (Galerie Templon) est unique en son genre. Forte personnalité, tempérament électrique, il sculpte et chorégraphie avec la même folie créatrice. Jan Fabre développe depuis vingt ans une œuvre plastique autour de matériaux divers: sang, encre Bic, élytres de scarabées, os, animaux empaillés, marbre. Ses sculptures et installations explorent souvent la question de la métamorphose.

Clémence van Lunen. Cette native de Bruxelles est une autre figure majeure de la céramique contemporaine installée à Paris, dans le XIIIe. L'artiste de la Galerie Polaris est une sculptrice de la matière qui aime les distorsions et les couleurs. On a pu la voir, à «Sèvres Outdoors» en 2015 et «Ceramix» un an plus tard, affirmer son style naturaliste.

Hans Op De Beeck. Les architectures et paysages inventés par l'artiste flamand au Centquatre («Saisir le silence», jusqu'au 31 décembre) oscillent entre réalité et fiction. Des mondes parallèles dans lesquels les spectateurs sont invités à imaginer des histoires. Sculptures, vidéos, installations, dessins, les œuvres d'Op de Beeck, 47 ans, représenté par la Galleria Continua, sont souvent empreintes de poésie et de mélancolie.


Secret Ivo van Hove

Les Damnés, mis en scène par Ivo van Hove à la Comédie-Française. Raphaël GAILLARDE/GAMMA RAPHO

Un grand artiste, c'est toujours une énigme. On a beau connaître son œuvre, on a beau avoir le privilège de l'écouter, de lire les textes dont il accompagne ses travaux, le Belge Ivo van Hove demeure assez impénétrable. Il est pourtant d'un abord chaleureux. Frêle, réservé, toujours très élégant, il ne refuse jamais les conversations, les explications. Mais pour lui l'essentiel se joue et se noue dans les relations qu'il entretient avec les comédiens qu'il dirige, les pièces ou les films qu'il choisit de porter à la scène.

Né en 1958, il a d'abord écrit et mis en scène ses propres textes. Son parcours est indissociable de celui du plasticien et scénographe Jan Versweyveld qui imagine d'audacieuses architectures pour mieux déployer le sens des mots et permettre aux interprètes une expression idéale. On en prend la mesure ces temps-ci à Paris, notamment avec, aux Ateliers Berthier, The Fountainhead , livre de l'Américaine d'origine russe Ayn Rand, porté à l'écran par King Vidor en 1949 avec notamment Gary Cooper. Un an plus tard, le film fut présenté à Cannes sous le titre Le Rebelle. La culture cinématographique d'Ivo van Hove est vaste, profonde et d'ailleurs ce spectacle laisse affleurer quelque chose de la spectaculaire esthétique du film. Il n'en va pas de même pour Les Damnés, toujours à l'affiche de la Comédie-Française: là, une transposition appuyée sur l'espace monumental de la cour d'Honneur du Palais des papes d'Avignon. On reverra aussi cette saison, à l'Odéon, de janvier à février, Vu du pont d'Arthur Miller, magistrale vision, remarquable interprétation.

Vision si puissante qu'Ivo van Hove et Jan Versweyveld n'hésitent pas à conserver espace et esprit de leurs mises en scène, d'un pays à l'autre. Un cas unique qui ne l'empêche pas d'être un extraordinaire directeur d'acteurs. Artiste ultrasensible, Ivo van Hove est aussi un directeur lucide et passionné. Il a notamment dirigé le Zuideljk Toneel d'Eindhoven de 1990 à 2000, le Holland Festival de 1998 à 2004 et, depuis 2001, il est à la tête du Toneelgroep d'Amsterdam. Il vit une partie de l'année à New York. Ami très proche de David Bowie, il a mis en scène son dernier rêve, Lazarus, visible actuellement à Londres.

Alex Vizorek, l'humoriste belge fait des siennes

Alex Vizorek est un drôle d'oiseau, il vient d'une planète lointaine et encore inconnue. En 2015, il a rempli le Studio des Champs-Élysées et le Petit Hébertot à Paris avec un seul en scène surréaliste très drôle: Alex Vizorek est une œuvre d'art.

L'hurluberlu avait d'abord suscité l'inquiétude du public en citant Malraux: «L'art, c'est le plus court chemin de l'homme à l'homme.»Mais son tempérament pince-sans-rire avait vite repris le dessus, et il enchaînait avec un étonnant cours de… cymbales, un hommage particulier à Rostropovitch et une tirade consacrée à Pamela Anderson.

Né Alexandre Wieczoreck, il y a trente-cinq ans à Bruxelles (Belgique), Alex Vizorek s'est d'abord destiné à une carrière d'ingénieur commercial ou de journaliste - il a tous les diplômes qu'il faut -, avant de se ressaisir et de céder à son désir de comédie. Il a choisi la bonne voie. Formé au Cours Florent, il rencontre Stéphanie Bataille, qui le dirigera dans son premier spectacle. Il est également passé par le Fieald du Théâtre Trévise, un tremplin pour les comiques en herbe, et a intégré le Kings of Comedy, comme son compatriote Walter (Belge et méchant).

Alex Vizorek est une œuvre d'art lui a valu la reconnaissance d'un large public et plusieurs prix, notamment au Montreux Comedy Festival de 2009 et au Festival du rire de Rochefort en Belgique.

La première partie de soirée décevante de Jamel Debbouze n'a heureusement pas découragé l'humoriste. Depuis, Alex Vizorek a été sollicité par la radio et la télévision et a pu s'épancher et imposer un style bien à lui. Actuellement, iI anime, avec son homologue Charline Vanhoenacker, une émission sur France Inter. Le titre est déjà évocateur: «Si tu écoutes, j'annule tout». L'avocat, Gilbert Collard, se souvient encore de son passage. Vizorek l'avait étrillé sans ménagement. Le garçon «balance» également ses diatribes décalées à propos de l'actualité sur le plateau de Paris Première. Récemment, il a proposé de «faire des recherches sur Twitter en faisant pipi» et une visite inédite de la Fiac. À commencer par le prix du billet,«35 euros pour être certains que des pauvres ne peuvent s'y rendre»… L'esprit du Professeur Rollin n'est pas loin.

En tournée avec son spectacle jusqu'en mai 2017. www.alexvizorek.com


Le billet d'Alex Vizorek: «Le Parisien est tout ce qu'il n'aimerait pas être»

Alex Vizorek. Leslie Artamono

Tous les dimanches à 19 heures, je monte sur scène, à Paris.

Ville magique qu'il faut conquérir. Ville Lumière où vous avez beaucoup plus de chance de rester dans l'ombre. Ville où il n'y a qu'un pas, de l'Arc de triomphe à la rue des Martyrs. Surtout, une ville où il y a quatre ans, j'ai joué devant 12 personnes dont une ne parlait pas français. C'était au Théâtre de Dix Heures, à Pigalle, peut-être que cette personne attendait de ma part un autre genre de prouesse? Au moins, nous aurons partagé une déception commune.

Bref, tous les dimanches à 19 heures, je monte sur scène. La salle a changé, s'est remplie depuis et plus personne n'espère que je vais y faire du «pole-dance». Immanquablement, ma première phrase est : «Je suis belge!» Silence… Rires gênés. Je commence tous mes spectacles en France en disant «Je suis belge!» parce que j'ai l'impression que les Français nous pardonnent pas mal de choses. Parce qu'ils sont persuadés qu'on n'a pas toutes les frites dans le même sachet ! (Expression véridique qui se traduirait par «ne pas avoir la lumière à tous les étages », NDLR.) Alors, je questionne mon public. Est-ce que ce n'est pas vous, les Français, qui auriez trop de mie dans la baguette ?

À cette question absurde, l'autochtone se force à réfléchir. Le descendant de Voltaire, de Rousseau et de Julien Lepers conçoit très mal qu'à une question, il n'y ait pas de réponse. Au point que je vois dans le regard vide de certains spectateurs qu'ils sont à deux doigts de l'AVC.

Puis je reprends la salle et leur annonce que le spectacle commencera par une citation de Malraux. Silence. Pas de rire.

Normal, les Parisiens se disent: «Oh, le Belge, tu es arrogant, tu nous attaques avec du Malraux!» Alors je les rassure, je leur mentionne que l'arrogance n'est pas un défaut de chez nous… Silence. Pas de rires clairsemés.

Les provinciaux rient, pas les Parisiens. Sans doute le manque de recul !

Car oui, tout le charme du Parisien réside dans cette longue anecdote d'introduction: le Parisien est tout ce qu'il n'aimerait pas être. Et c'est même pour résoudre cet inextricable constat qu'il est capable de redistribuer une part non négligeable de son salaire à un psychologue. Le Parisien aime la culture, mais pour lui Louvre c'est plus souvent une station de métro. Le Parisien aime le panache de Tognazzi dans La Grande Bouffe, alors qu'il se prétend allergique au gluten.

Assis à une terrasse du XIe, le Parisien défendra les migrants de Lampedusa, mais enjambera la famille de Roms sur le boulevard Saint-Michel. Entre son miroir et sa garde-robe, le Parisien se persuadera d'être unique alors que du Marais à la Défense en passant par Saint-Germain-des-Prés, il ressemblera tellement à ces congénères de quartier.

Enfin, le Parisien aime l'espace et le clame… Ha, Ha, Ha ! Et c'est dans la quintessence de toutes ces contradictions que je suis obligé de l'admettre: je suis devenu un Parisien.

Silence. Même moi ça ne me fait pas rire.

Le Belge n'a aucune autodérision ! Arrêtez avec les clichés, SVP !


Lucky Luke, le cow-boy le plus belge de l'Ouest

Achdé , dessinateur du dernier Lucky Luke. FRANCOIS BOUCHON

Le nouveau Lucky Luke, La Terre promise, signé Jul (Silex and the City, La Planète des sages ou Le Guide du moutard…) et dessiné par Achdé, vient de sortir et, déjà, il caracole en tête des ventes. «Je suis hyper fier, sourit Achdé(de son vrai nom Hervé Darmenton, NDLR). L'album démarre sur les chapeaux de roue, il s'en est vendu plus de 40.000 exemplaires en 5 jours.» Preuve que le Lonesome Cowboy garde toujours une place de choix dans le panthéon des lecteurs, 70 ans après sa naissance sous la plume du Belge Morris.

«C'est aussi le cow-boy le plus belge de l'Ouest, poursuit celui qui a repris le flambeau de Morris, mort en 2001 à l'âge de 77 ans. Il est un porte-drapeau de la Belgique au sens propre comme au sens figuré. Comme Superman ou Captain America, Lucky Luke porte les couleurs de la Belgique en guise de costume: noir, jaune et rouge!»

Et Achdé d'ajouter: «Je me souviens d'une réception où j'avais eu une conversation tout à fait sympathique avec l'ambassadeur de Belgique. Je lui avais dit: “Monsieur l'ambassadeur, j'ai le regret de vous dire que les Dalton sont belges!” Après avoir vu s'afficher une certaine stupeur sur son visage, il avait éclaté de rire. Et il m'avait répondu: “C'est vrai, mais pour contrebalancer cette nouvelle, il convient de préciser que Lucky Luke aussi est belge!”»

Si Lucky Luke est belge, c'est bien évidemment parce que son créateur, Maurice De Bevere, est né le 1er décembre 1923 à Courtrai en Belgique. «C'était un artiste tout à fait unique, précise Achdé. Il possédait une manière de faire rire très belge, c'est-à-dire une sorte d'humour à froid un peu flegmatique, une sorte d'art de vivre, relativisant toute chose en prenant toujours un peu de recul. Alors que nous, les Français, nous avons clairement un côté râleur.» Contrairement au style «spaghetti» des films italiens, qui se prennent au sérieux alors qu'ils sont totalement folkloriques et outrés, le western belge de Morris et Goscinny part d'une base sérieuse pour l'emmener vers la drôlerie et le pastiche. C'est ça, l'esprit belge de Lucky Luke!


Les fantômes d'Akerman

Chantal Akerman lors du tournage du documentaire Grands-mères (1980) . © Laszlo Ruszka / Ina / AFP

Non, Marne-la-Vallée ne se limite pas à Disneyland Paris! Aux antipodes du décervelage, on trouve même un véritable labo de l'avant-garde frémissante: la Ferme du Buisson. Cet automne et cet hiver, ce centre d'art propose un hommage à l'une des figures les plus atypiques de la création cinématographique: Chantal Akerman.

Voici en quels mots ils nous expliquent le sens profond de son travail: «Son approche singulière des questions de frontières, de déplacement, de racisme, d'identité, de relation entre espace personnel et public, convoquant une réinvention des possibilités de l'image cinématographique, du regard, de l'espace et de la performance, a été déterminante pour l'évolution des arts visuels.» Tout un programme, comme on dit!

Disparue hélas l'an dernier, la cinéaste belge avait conçu une nouvelle exposition baptisée Maniac Shadows. Il s'agit de projections vidéo multi-écrans, où l'artiste a joué sur ce qui a hanté son inspiration durant toute son œuvre: l'interpénétration de la réalité et de la fiction. On y voit la cinéaste lire l'un de ses propres livres ; on la voit dans ses appartements de Paris, New York ou Bruxelles… Sommes-nous dans le documentaire, dans le réel recréé? Avec Akerman, la frontière reste floue, et c'est ce qui fait le prix de cet univers sans concession, dont elle (seule?) possédait la clé.

«Chantal Akerman, Maniac Shadows» , La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée, allée de la ferme, Noisiel (77). Du 19 nov. au 19 fév. Tél.: 01 64 62 77 77.

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