Les classiques du dessin animé font leur grand retour

A la RTBF, les chiffres furent bons pour 2016 et le sont également au début de cette année. Les aventures de Tintin a ainsi attiré plus de dix-neuf mille spectateurs en moyenne par jour, Albator corsaire de l’Espace, plus de dix-sept mille et Il était une fois… la vie près de seize mille. «  Quand on voit que des séries de ce genre sont retravaillées, on saute dessus , avoue Coralie Pastor, responsable des programmes jeunesse à la RTBF. Nous savons que les parents les plébiscitent et qu’ils voudront recréer, chez leurs enfants, les émotions que ces dessins animés ont provoquées chez eux il y a trente ans.  » Afin de susciter ce visionnage familial, la chaîne n’hésite d’ailleurs pas, dans ses bandes annonces, à appeler les enfants à inviter leurs parents à regarder les séries avec eux. « Ce sont des héros qui parlent tant aux enfants qu’aux parents, ce qui permet de créer un lien », explique Coralie Pastor.

Si ces séries ont connu et continuent de connaître un tel succès, c’est également grâce aux vertus de leurs personnages si caractéristiques. «   Il était une fois… la vie, ce sont des personnages très forts, identifiés et qui apprennent à grandir, argumente Coralie Pastor. Même les cellules y ont un nom, c’est quelque chose de concret pour l’enfant, auquel il peut s’attacher.  » Et de citer également Albator, ce corsaire torturé luttant pour faire valoir ses idéaux et défendre les causes perdues. « En diffusant ces séries, on s’assure un public attaché à ces personnages, affirme-t-elle. Les nouvelles séries jouent plus sur le look, le marketing. Il est difficile de s’attacher aux nouveaux personnages parce qu’il faut tout recommencer de zéro. »

Un autre constat est celui du rythme des dessins animés, qui a énormément changé depuis le début des années 2000. Les séries restent moins longtemps à l’antenne, dans une logique de marché de plus en plus compétitif, notamment avec l’arrivée de Netflix et d’Amazon, de réels concurrents selon Coralie Pastor. « C’est pourquoi nous devons créer notre propre contenu, afin de rivaliser avec ces productions. Dans cette logique, nous sortons notre propre plateforme SVOD (NDLR, vidéo à la demande) cet été avec un catalogue contenant plus de séries belges et francophones. »

Intemporels

Pour Paulette Smet, présidente honoraire de Belvision, ces rediffusions sont nécessaires. « Toute une génération ne les a pas vus. Or, ils sont intemporels donc il faut les exposer, ce sont des personnages ancrés dans la culture, commente-t-elle. Il y a une grande différence avec les nouvelles séries. Ces vieilles séries ont un charme que l’on ne retrouve pas dans les productions d’aujourd’hui. » En plus du passage de la 2D à la 3D, les nouveaux dessins animés se démarquent par des scénarios plus rythmés. « Le storytelling des anciennes séries est différent, plus lent, plus philosophique, avec cette opposition entre le bien et le mal, explique encore Coralie Pastor. On trouve de moins en moins ça dans le mainstream.  »

Si le succès de ces anciennes séries s’explique pour ces différentes raisons, il était inespéré pour les créateurs de l’époque. « C’est quelque chose que l’on ne connaissait pas : il n’y avait pas d’écoles de dessin animé et tout était appris sur le tas, raconte Paulette Smet. Tintin par exemple, était très critiqué, notamment par les journalistes. Et pourtant cette série est diffusée partout dans le monde encore aujourd’hui. »