La série “Outcast” va nous posséder

Nouvelle adaptation d'un comic book de Robert Kirkman ('The Walking Dead'), ce drame psychologique horrifique pourrait bien être la série d'exorcisme que tous les amateurs du genre espéraient. A voir sur OCS Choc samedi 4 juin 2016.

Par Pierre Langlais

Publié le 03 juin 2016 à 10h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h45

Le diable se porte bien à la télévision américaine. Après Damien, suite de La Malédiction de Richard Donner (1976), et avant l’adaptation non officielle de L’Exorciste, une nouvelle série chargée en scènes de possession et en eau bénite fait ses débuts outre-Atlantique ce vendredi 3 juin 2016, sur la chaîne câblée Cinémax – et sur OCS Choc chez nous dès le samedi 4 juin. Outcast, adaptation d’un comic book de Robert Kirkman (aux éditions Delcourt en France) par son auteur, suit un jeune homme trouble, Kyle Barnes (Patrick Fugit), qui accepte d’aider un pasteur, le révérend Anderson (Philip Glenister), à combattre une entité démoniaque qui prend possession des habitants d’une petite ville. Un héros solitaire, hanté par sa vie passée, et qui fait preuve d'un don d’exorciste hors pair…

Après le succès de la déclinaison télévisuelle de The Walking Dead, sa BD la plus populaire, Kirkman s’attaque donc à un autre genre en pleine explosion dans les séries. On pouvait craindre un calcul opportuniste pour surfer sur la vague « démoniaque », et pour capitaliser sur le carton de la série de zombies d'AMC. A en croire le premier épisode d’Outcast, si cynisme il y a dans sa conception, il n'a pas de conséquences sur sa qualité. La série ne partage avec The Walking Dead qu’une intention de rendre hommage au genre tout en s’appliquant à l’humaniser, à le rendre plus « réaliste ». Une envie louable de prendre le temps de raconter une histoire et de parier avant tout sur des personnages, sur un univers, et non sur une surenchère gore – ce qui ne veut pas dire que l'hémoglobine ne coulera pas.

Toute comparaison avec la référence des films d’exorcisme, L’Exorciste de William Friedkin (1973), serait extrêmement périlleuse, même si pas tout à fait fortuite. Le pilote d’Outcast, après une scène d’ouverture parfaitement maîtrisée, choquante et drôle à la fois, s’applique à donner de l’épaisseur à son héros. Il s’agit avant tout de comprendre d’où il vient, de saisir la violence dont il a été victime enfant – sa mère était semble-t-il elle-même possédée – et de comprendre qu’il a ruiné sa vie d’adulte, que son ex-épouse et leur fille vivent loin de lui, qu’il passe ses journées à ruminer son malheur seul dans la maison où il a grandi. Bref, avant d’essayer de nous foutre les jetons, Outcast veut surtout nous toucher et nous prévenir que les démons, ici, sont autant dans l'esprit de son personnage principal que dans le corps de ceux qu’il va exorciser.

Le scénario comme la réalisation n’échappent pas à certains clichés du genre. Ni à celui du héros mal dans sa peau, ni à celui de son partenaire religieux grave face au devoir, ni aux caves obscures, ni aux maisons délabrées, ni aux corps déformés et aux cris bestiaux. Tout y est, et pourtant, on ne ricane jamais. Parce que la mise en place du récit et du monde dans lequel il se déroule est une complète réussite ; parce que la narration avance patiemment et que la mise en scène limite ses effets – la plaie la plus grave des nanars façon Paranormal Activity, avec caméras agitées et montages à vous donner le mal de mer ; parce que Patrick Fugit, qu’on avait peu vu depuis Presque célèbre, et Philip Glenister, vieux briscard britannique (Life on Mars), sont impeccables. En un mot, parce qu’on y croit.

Pour que Outcast soit tout à fait convaincante, il fallait aussi qu’elle fasse peur. Ou, pour ceux que l’exorcisme laisse de marbre, qu’elle soit au moins inquiétante. Là aussi, Kirkman, secondé par David Alpert (The Walking Dead) et Chris Black (Mad Men, Desperate Housewives et… Le Diable et moi), réussit parfaitement son coup. La scène d’exorcisme au cœur de ce premier épisode – dont nous tairons ici les détails – risque de faire parler d'elle. A la fois pur exercice de style, avec lévitation, coups et saignements sur fond de formules latines répétées en boucles, et proposition d’une rare brutalité, elle mêle brillamment hommage au genre et vision plus crue, humaine. Et promet un drame aussi émouvant que terrifiant.

 

Sérierama, le blog séries TV de Pierre Langlais

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