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Art Spiegelman en guerre contre le magazine New Statesman

L'auteur de «Maus» a retiré son dessin de couverture du magazine britannique «The New Statesman» quelques jours avant la parution de juin. Chris Anthony Diaz / Art Spiegelman

L'auteur de Maus a retiré son dessin de couverture de l'hebdomadaire britannique. Pourtant consacré à la liberté d'expression, le numéro refusait de publier une planche du dessinateur intitulée «Notes d'un fondamentaliste de la liberté d'expression».

Le dessinateur américain Art Spiegelman (prix Pulitzer pour Maus, en 1992) a retiré un de ses dessins de la couverture du The New Statesman, à quelques heures de la parution. Le numéro devait paraître le 29 mai. En cause: le refus de l'hebdomadaire britannique de publier une planche intitulée «Notes d'un fondamentaliste de la liberté d'expression», pourtant déjà paru en France dans Le Monde, aux États-Unis dans The Nation et en Allemagne dans Faz.

Un comble pour un hors série consacré à la liberté d'expression et intitulé «Dire l'Indicible» («Saying the Unsayable»). Chapeauté par le romancier britannique Neil Gaiman et la chanteuse américaine Amanda Palmer, ce numéro promettait de «se confronter aux notions de censure, de tabou, d'outrage et de liberté d'expression». Le théologien et ecclésiastique anglican Rowan Williams y signe notamment un essai intitulé «Pourquoi les religions ont besoin du blasphème».

Art Spiegelman a partagé sur son compte Facebook le dessin qui devait figurer en couverture du magazine. Celui-ci représente une jeune femme, allégorie de la liberté d'expression, bâillonnée et prisonnière d'un attirail sado-masochiste. Sur Facebook, l'auteur de Maus a expliqué son geste : «Je me suis débarassé de cette couverture «bondage» du New Statesman à la dernière minute! C'est une chose de trouver comment Dessiner l'Indessinable pour un hors-série intitulé «Dire l'Indicible», mais je ne pouvais pas Accepter l'Inacceptable lorsqu'à la dernière minute le magazine A ROMPU SA PROMESSE d'inclure ma planche «Notes d'un fondamentaliste de la liberté d'expression». Spiegelman a associé à son texte une couverture parodique du New Statesman où un homme se noit dans un océan d'excréments tout en essayant de prononcer le mot «merde».

Le News Statesman a quant à lui publié à la place une photo noir et blanc de Palmer et Gaiman.

Couverture du New Statesman du 29 mai - 4 juin The New Statesman

Le New Statesman a dénoncé dans un communiqué les propos de Spiegelman comme étant «inexacts», arguant que le refus de publier la planche de Spiegelman s'expliquait par la présence dans les pages de l'hebdomadaire d'un autre dessin en hommage à Charlie Hebdo .

De son côté, Neil Gaiman a tenté de désamorcer la situation dans un texte publié sur son blog dimanche 31 mai. Selon lui, le contenu de la planche de Spiegelman, qui a été conçue dans les semaines suivants les attentats de Charlie Hebdo, n'est pas en cause. «Nous adorons la couverture d'Art (le New Statesman aussi). Nous sommes vraiment désolés qu'elle n'ait pas été utilisée. Art l'a retiré parce qu'il estimait que les engagements de NS n'ont pas été tenus (....) La communication entre Art et NS n'a pas été bonne: personne n'a répondu à ses questions, ou n'a pas compris que sa planche devait être incluse. Quand les rédacteurs en chef ont connu son existence, il était déjà trop tard pour l'inclure dans le magazine».

Palmer et Gaiman ont ensuite proposé à Spiegelman de publier sa planche sur le site internet du New Statesman. Sans succès. L'agent de Spiegelman exige de la maison d'édition de l'hebdomadaire un accord écrit. Accord qui lui sera refusé par NS, de crainte de voir «le numéro tout entier partir au pilon, s'ils ne remplissent les conditions de Spiegelman» précise Amanda Palmer sur le blog de Neil Gaiman.

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