Le Musée Hergé annule l’expo Charlie Hebdo pour des raisons de sécurité
Jean-Luc Roland : « Je regrette cette annulation »
« Je commencerai par dire que je suis favorable à la défense de la liberté d’expression et que je trouve regrettable de devoir prendre acte de l’annulation de cette exposition que j’ai trouvée personnellement très émouvante. Je ne l’ai pas interdite. Il faut simplement savoir que l’Union des Villes et des Communes impose certaines mesures de précautions, suite à la menace terroriste qui plane sur le pays. L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace en Belgique, l’Ocam déconseille l’exposition dans le contexte actuel et impose, à tout le moins, de prévoir des mesures de prévention. Nous en avons informé Nick Rodwell et nous lui avons dit qu’il fallait prendre des précautions en limitant l’accès au Musée et en postant deux surveillants supplémentaires à l’intérieur de la salle d’exposition. Le chef de corps a aussi expliqué que le pays est en état d’alerte de niveau 3, que les policiers portent partout des gilets pare-balles et ne circulent plus que par deux. A la fin de la réunion, Nick Rodwell a préféré ne pas ouvrir l’exposition au public demain pour éviter de faire courir le moindre danger à son personnel et aux habitants de Louvain-la-Neuve. »
Nick Rodwell : « Il était inconcevable pour moi de prendre le moindre risque avec le personnel et les riverains »
En fin de soirée, Nick Rodwell nous a précisé les raisons qui l’ont contraint à ne pas ouvrir les portes de l’exposition Charlie Hebdo au public. « J’ignorais que la situation était si grave et que l’état de peur était à ce point important dans le pays. Le Musée Hergé n’est pas là pour attiser le feu. Nous voulions poser un geste positif dont j’assume l’entière responsabilité. J’ai sans doute été un peu naïf. Le bourgmestre et la police ont très justement attiré notre attention sur les dangers que l’exposition pouvait représenter. En réalité, ce n’est pas le contenu mais le thème de l’expo elle-même qui peut présenter un danger. Je suis ressorti de cette discussion en état de choc. Il était inconcevable pour moi de prendre le moindre risque avec le personnel et les riverains. Je suis bien entendu extrêmement déçu et tout le personnel du Musée associé à la conception de l’exposition aussi. La seule décision possible était de ne pas ouvrir l’exposition, alors que tout était prêt. On va laisser passer quelques jours de réflexion pour réfléchir et voir ensuite avec le bourgmestre et la police s’il est possible ou non de trouver une solution tout à fait sûre pour tout le monde. Dans l’état actuel des choses, je ne peux rien dire de plus. »