CHARLIE HEBDO - Luz se livre. Près de trois mois après l'attentat qui a décimé la rédaction du journal satirique, faisant douze morts, le site Livres Hebdo a annoncé mercredi 1er avril que le dessinateur allait publier un album de 128 pages dans lequel il raconte son quotidien bouleversé par la tragédie et ses suites.
Intitulé "Catharsis", ce recueil "très personnel" et "thérapeutique" doit paraître le 21 mai chez Futuropolis, avec un premier tirage de 50.000 exemplaires. Au programme, "une série de petites nouvelles en bande dessinée" qui commence le 7 janvier, jour de l'attaque contre Charlie Hebdo mais aussi de l'anniversaire de Luz, qui y a justement échappé parce qu'il était arrivé plus tard pour l'occasion.
Dans cet ouvrage où Luz, on trouve selon son éditeur une certaine diversité, dans l'esprit Charlie et avec les marottes chères à Luz, connu notamment pour ne pas aimer la chanson française:
Mercredi, 15 salariés de Charlie Hebdo ont de nouveau réclamé un statut d'"actionnaires salariés à part égale" du journal, expliquant dans une tribune publiée dans Le Monde "refuser qu'une poignée d'individus prenne le contrôle" de l'hebdomadaire.
Réunis en un collectif qui comprend Luz mais aussi l'urgentiste Patrick Pelloux et le journaliste Laurent Léger, sans aucun des dirigeants actuels, ils estiment que Charlie Hebdo est désormais un "bien commun" et dénoncent le "poison des millions". Le journal a recueilli près de 30 millions d'euros en dons, aides et ventes depuis l'attentat.
Ces salariés disent craindre "que le journal, devenu une proie tentante, fasse l'objet de manipulations politiques et/ou financières". Une déclaration qui met en cause sans les nommer les dirigeants -- le dessinateur Riss, le directeur général Eric Portheault, le rédacteur en chef Gérard Biard, et l'avocat du journal Richard Malka. Ils n'ont pu être joints dans l'immédiat pour commenter cette tribune.
"Il n'est pas question de guerre"
Estimant ne rien savoir des projets actuels de création d'une "fondation", les contestataires réclament qu'"elle soit l'émanation d'un projet mûrement réfléchi par l'ensemble du journal".
"Il n'est pas question de guerre, la famille de Charb est en deuil, les familles sont en deuil, certains sont encore à l'hôpital, dont Philippe Lançon", a précisé à l'AFP mercredi Laurent Léger, porte-parole du collectif qui assure défendre "une cause juste et morale" qui "n'est en rien financière", d'autant que "les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes".
Mi-mars, quand avait été connue la création de ce collectif hostile aux dirigeants, un des avocats du journal, représentant de la direction, qui n'avait pas souhaité être nommé, avait déclaré que les dirigeants étaient "navrés" de cette initiative. "Riss est encore à l'hôpital, les parts de Charb sont gelées par (sa) succession. Tout cet argent fait plus de mal que de bien. Cela fait penser à ces enterrements où on se bat déjà en revenant du cimetière pour les bijoux de la grand-mère", avait-il regretté.
Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40% par les parents de son ex-directeur de la rédaction Charb, tué dans l'attaque du 7 janvier, 40% par le dessinateur Riss, nouveau directeur de la publication, blessé à l'épaule lors de l'attaque, et 20% par Eric Portheault.