CARPENTRAS Élu FN contre dessinateur satirique

Michel REMBERT - 10 avr. 2015 à 06:04 - Temps de lecture :
Me Marc Geiger et son client, François Cortegianni.
Me Marc Geiger et son client, François Cortegianni.

François Cortegianni, journaliste, dessinateur et scénariste installé depuis très longtemps à Carpentras, comparaissait hier après-midi devant le tribunal correctionnel de Carpentras pour “injure” contre Hervé de Lépinau.

Le jour des faits, le 21 mars 2014, ce dernier n’était pas encore élu au Département. Il était alors candidat aux élections municipales à Carpentras, leader de la liste Bleu Marine. Cela se passait un vendredi matin, jour du grand marché, à deux jours du premier tour, devant le bar des Palmiers. Où François Cortegianni et deux de ses amis ont distribué un fascicule de six feuillets intitulé “Le Comtat à rebours”, dont les auteurs exprimaient clairement leur opposition au Front National.

Hervé de Lépinau a déposé plainte à partir d’un seul de ses feuillets dans lequel il s’estime “injurié”. Le personnage dessiné, Hervé le Lapineau, y était qualifié de scélérat, de salopard et d’imbécile.

L’affaire a été évoquée hier presque un an après les faits, à la suite de toute une série de renvois.

Hervé de Lépinau demande 10 000 euros de dommages et intérêts, d’après une jurisprudence de la cour d’appel de Nîmes concernant Jacques Bompard, précise-t-il.

Pour la partie civile, Me Tanguy Berthouil s’est attaché à démontrer que les qualificatifs incriminés visaient nommément son client dans l’intention de lui nuire. « Les dessins m’ont fait rire, mais pas le texte, où il n’y a aucun humour ! »

Le ministère public s’en remet à la sagesse du tribunal.

Le bâtonnier Marc Geiger, pour la défense, explique que les mots ont été sortis de leur contexte : « Hervé de Lépinau est-il visé personnellement ? Non ! Peut-il se sentir visé ? Oui. Est-ce injurieux ? Non ! »

Il évoque la liberté d’expression, cite Charlie Hebdo et tous les procès gagnés par l’hebdomadaire, demande au tribunal de reconnaître le droit à la satire, et plaide la relaxe.

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 11 juin prochain.